100 mots sur… Shotgun Opera

ShotgunOperaVous en avez marre de ces soi-disants auteurs qui vous laissent discerner les rouages psychologiques des personnages au travers de leurs actions ? Ne cherchez plus, car voici Shotgun Opera! Maintenant, vous aussi pouvez goûter au bonheur de tout comprendre sans réfléchir! Laissez aux adorateurs d’Hemingway le lourd labeur d’apprécier une prose subtile et retenue. Ici, tout est dit! Chaque fois qu’un personnage franchit un nouveau cap dans son évolution, il vous l’expose explicitement dans un monologue intérieur. Tout y est clairement dit, sans aucune ambiguïté – c’est GARANTI OU ARGENT REMIS!

Les dix derniers mots: Après ma lecture, je suis fatigué d’avoir si peu travaillé.

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Lecteur au rapport!

Shotgun Opera
par Victor Gischler

ShotgunOperaDans son roman Inkheart, Cornelia Funke a écrit: « Certains livres devraient être goûtés, d’autres devraient êtres dévorés mais seuls certains devraient être mastiqués et entièrement digérés. »* Shotgun Opera fait partie d’une quatrième catégorie, celle des livres qui doivent être avalés rapidement en se pinçant le nez, le tout suivi d’une grande rasade d’alcool fort. C’est ce que je ferai au cours de la semaine qui commence.

*Incidemment, cette citation est souvent attribuée sur le Web à Francis Bacon, probablement parce d’aucuns croient plus relevé de citer un philosophe anglais de la Renaissance qu’une auteure de romans jeunesse contemporaine. Allez savoir.

Un cadavre de trop
par Ellis Peters

CadavreTropDans un tout autre registre de qualité, j’ai attaqué dernièrement le deuxième volet de la série Cadfael d’Ellis Peters. Cette nouvelle enquête du moine gallois, ancien croisé, présente encore une fois des aspects qui sont propres à son contexte médiéval. Comme dans le précédent Trafic de reliques, Cadfael ne peut faire appel qu’aux techniques permises par la science limitée de l’époque (mais son passé de militaire en terre sainte s’avère aussi indispensable). Comparé à Shotgun Opera, ce roman est un délice que je prend plaisir à déguster.

100 mots sur… Liar’s Kiss

LiarsKissÉcrit par Eric Skillman et dessiné par Jhomar Soriano, Liar’s Kiss entreprend de nous raconter l’histoire typique du privé qui doit blanchir sa cliente/maîtresse des accusations de meurtre qui pèsent contre elle, tout en esquivant les interventions musclées de flics pourris et de suspects désespérés. Tous les ressorts du polar classique y sont, jusqu’au pardessus et chapeau. Cependant, c’est justement parce que l’histoire suit la formule de si près qu’elle parvient à nous prendre au piège au final; l’auteur crée des attentes pour ensuite les trahir de façon imprévisible, heureusement.

Les dix derniers mots: Même les clichés peuvent devenir source d’originalité lorsque bien utilisés.