100 mots sur… Le lecteur de cadavres

lecteurcadavresPolar historique se déroulant dans la Chine du 13e siècle, ce roman semblait tout avoir pour me plaire. Cependant, au lieu d’y découvrir une histoire rappelant les récits du célèbre Juge Ti, je me suis plutôt heurté à une cavalcade de tropes usés, empruntés tantôt au mélodrame larmoyant, tantôt aux romans jeunesse. En effet, l’énigme policière qui constitue le fil rouge de cet interminable roman croule sous les malheurs incessants accablant le protagoniste, ses états d’âmes puérils ainsi que ses rivalités convenues avec des antagonistes fantoches à la Drago Malefoy.

Les dix derniers mots: Les Misérables, puis Harry Potter et enfin CSI: Chine médiévale.

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100 mots sur… Hôtel Olympia

hotelolympiaIl est indéniable qu’Élisabeth Vonarburg a construit une mythologie incroyablement riche et complexe en soutien au récit d’Hôtel Olympia, de la trempe de Neil Gaiman. Cependant, cette mythologie semble plus une fin en soi qu’un élément au service de l’histoire. Alourdi par tout ce bagage narratif, le roman peine à prendre sa vitesse de croisière, halète en chemin et s’essouffle à la conclusion, s’arrêtant néanmoins plusieurs dizaines de pages plus loin que la ligne d’arrivée. Bref, une impression constante de notes de bas de page insérées en corps de texte.

Les dix derniers mots: L’histoire enterrée sous toute cette exposition vaut heureusement la peine.

100 mots sur… Un cadavre de trop

CadavreTropAprès avoir été ravi par le premier volet de la série, Trafic de reliques, me voici déçu par le deuxième. Malgré le retour attendu d’une prose forte et de personnages captivants, on sent des ratés du côté de l’intrigue. Si Trafic était une énigme policière classique, Un cadavre de trop tente le thriller. Ce nouveau genre prend la forme d’une intrigue secondaire qui finit par gonfler au point de prendre toute la place. Lorsqu’elle est enfin résolue, démasquer le meurtrier de l’intrigue principale semble n’être plus qu’une formalité à classer.

Les dix derniers mots: Qui chasse deux lièvres en même temps n’en attrape aucun.

100 mots sur… Shotgun Opera

ShotgunOperaVous en avez marre de ces soi-disants auteurs qui vous laissent discerner les rouages psychologiques des personnages au travers de leurs actions ? Ne cherchez plus, car voici Shotgun Opera! Maintenant, vous aussi pouvez goûter au bonheur de tout comprendre sans réfléchir! Laissez aux adorateurs d’Hemingway le lourd labeur d’apprécier une prose subtile et retenue. Ici, tout est dit! Chaque fois qu’un personnage franchit un nouveau cap dans son évolution, il vous l’expose explicitement dans un monologue intérieur. Tout y est clairement dit, sans aucune ambiguïté – c’est GARANTI OU ARGENT REMIS!

Les dix derniers mots: Après ma lecture, je suis fatigué d’avoir si peu travaillé.

100 mots sur… Le diable s’habille en Voltaire

DiableSHabilleVoltaireLe premier volet de cette série m’avait soufflé, le deuxième m’avait enchanté et celui-ci m’a… plu. Bien que Lenormand n’ait rien perdu de l’esprit délectable qui fait le charme de Voltaire mène l’enquête, il se laisse aller côté intrigue. C’est comme s’il avait délaissé le mystère à résoudre pour porter toute son attention sur les extravagances de son protagoniste. Ainsi, la solution de l’énigme est vite expédiée dans un seul paragraphe de l’avant-dernier chapitre sans qu’on puisse comprendre comment l’auteur et son héros ont pu parvenir à de telles conclusions.

Les dix derniers mots: La forme l’emporte sur le fond, oui, mais quelle forme!

100 mots sur… The Blue Blazes

BlueBlazesVoici un livre « efficace », qualificatif étonnant pour une oeuvre littéraire mais c’est pourtant l’impression que le roman m’a laissée. La structure narrative était parfaitement équilibrée pour conserver mon intérêt, les personnages étaient construits de manière à générer une tension dramatique suffisante et les thèmes abordés étaient intégrés au récit de façon ni trop explicite ni trop occultée. Mais voilà, malgré le talent évident de l’auteur, il se dégage du roman un relent de formule trop bien suivie. On s’en retrouve toujours satisfait mais jamais étonné, jamais ébranlé, jamais vraiment touché.

Les dix derniers mots: Ça existerait donc, un roman trop bien pour plaire vraiment?

100 mots sur… Pélagie et le moine noir

PelagieMoineNoirL’efficacité d’un mystère policier tient dans l’équilibre que l’auteur parvient à établir entre deux facteurs: d’une part, la possibilité pour le lecteur de résoudre l’énigme à partir des indices présentés par l’intrigue (ou du moins de parvenir à une théorie plausible) et, de l’autre, l’incongruité de la solution finale qui surprend malgré l’évidence après-coup du raisonnement. De ce fait, l’énigme policière efficace est analogue à une expérience scientifique: il devrait être possible à n’importe qui de parvenir à la même conclusion en suivant la démarche du protagoniste. Akounine l’a compris.

Les dix derniers mots: Il faut un problème résoluble, pas un tour de magie.

100 mots sur… Priest

priestAu premier abord, le dialogue de Priest semble désespérant de banalité. C’est d’ailleurs typique des films d’action en général et des adaptations de bandes dessinées en particulier. Par contre, à y regarder de plus près, on peut voir que le dialogue limité témoigne d’un précepte fondamental de l’écriture de comics: la compression extrême des répliques afin d’évoquer un maximum d’idées dans un minimum de mots. De cette façon, le scénariste – d’une bédé ou d’un film – donne l’impression d’un dialogue riche tout en n’empiétant pas trop sur les images qui l’encadrent.

Les dix derniers mots: Une adaptation de la technique même de la bande dessinée.

100 mots sur… Le château du lac Tchou-An

ChateauLacTchouAnOn reconnaît un auteur habile par sa faculté, entre autres, d’adapter son style au sujet du livre. Il ne s’agit pas de devenir méconnaissable, tel un caméléon dont on n’oublierait la couleur de base tant il passe de temps camouflé au sein d’une variété diverse de décors. Non, on entend encore la voix enjouée de l’auteur de la série Voltaire mène l’enquête, mais le registre est plus bas, le ton plus feutré. Seul reproche à formuler: les indices un peu trop apparents, étrangement ignorés sur le coup par le protagoniste.

Les dix derniers mots: C’est simple: même auteur, même talent; autre style, nouveau succès.

100 mots sur… Pélagie et le bouledogue blanc

PelagieBouledogueBlancOn s’attend d’un roman qu’il ait une fin bien définie ou, s’il se termine sur une note trouble, qu’il ait au moins un début fixé. Fi, Akounine n’a de cure de vos attentes banales et livre un roman qui commence en plein milieu de phrase: « …encore faut-il vous dire […] » Mieux encore, l’histoire se termine aussi sur des points de suspension… qu’on retrouve en tête de la première phrase du roman suivant de la série. L’auteur a carrément commencé sa nouvelle histoire dès les dernières pages de son premier livre.

Les dix derniers mots: Commencer une phrase dans un livre et la terminer dans…